bandeau_700_100
Chez Claude

Dans un joli chef-lieu de canton
Quand j’étais plutôt bien portant
Que j’avais une enseigne à mon nom
Au-dessus d’un petit restaurant
Au bord d’une route nationale
Je détenais un endroit stratégique
Un carrefour, un point crucial
Mais surtout un avantage économique

Refrain
On pourrait dire, dans un sens
Que j’ai bien gagné ma vie
Que j’ai eu pas mal de chance
En m’installant dans ce pays

Sur le pouce, durant la semaine
Ou le dimanche, en prenant son temps
On pouvait très bien casser la graine
On pouvait s’offrir du bon temps
De la carte au plat du jour
De l’apéritif au digestif
Tout semblait fait avec amour
A des tarifs compétitifs

Refrain
On pourrait dire, dans un sens
Que j’ai bien gagné ma vie
Que j’ai nourri une partie de la France
Pour un bon rapport qualité prix

Quand, tout à-coup, sur le coup de midi
Rasés de près et tout souriant
Ils débarquaient avec leur appétit
Et surtout leurs tickets restaurant
Pour des commerciaux itinérants
Ou des motards en vadrouille
Je mettais les petits plats dans les grands
Et je m’activais à la tambouille

Refrain
On pourrait dire, dans un sens
Que je jouais l’hypocrisie
Que je me donnais bonne conscience
En me disant que c’était la vie

Mais chaque jour, pendant des années
Dans ma cuisine et devant mes fourneaux
A petit feu, je laissais mijoter
Et je pensais : « c’est pour bientôt »
J’aurais tant voulu les intoxiquer
Ou leur filer de la vache folle
Ou plus sérieusement de la viande avariée
A tous ces voleurs, à tous ces guignols

Refrain
On pourrait dire, dans un sens
Que je les ai épargnés
Qu’ils ont eu beaucoup de chance
En repartant en bonne santé

Mais aujourd’hui, six pieds sous terre
Je m’en tape comme de l’an quarante
Je n’en ai plus rien à faire
Au fond de mon cercueil, je chante…

Retour